European Agriculture Tour 2014 - Chaque jour, le résumé du voyage
NAVIGUEZ DANS LES ONGLETS CI-DESSOUS POUR SUIVRE LE DEROULEMENT DU VOYAGE ET DES RECOLTES
Présentation
Nous sommes une équipe de cinq jeunes diplômés ou étudiants du Groupe ISA Lille. Grandement intrigués par les questions européennes et mondiales, nous avons décidé de réaliser un tour d’Europe, d’environ un mois, afin de nous forger un avis sur la situation actuelle de l’agriculture dans chacun des pays visités. Etant destinés à travailler dans les métiers liés à ce secteur, il nous parait important d’acquérir des connaissances sur les différents systèmes d’exploitation et de commercialisation mis en place à l’échelle européenne.
Le nom EAT (European Agriculture Tour), se veut simple et accrocheur, il traduit notre intérêt et notre ouverture pour l’agriculture en dehors de nos frontières. Le but de ce projet est de dresser un bilan partiel des secteurs se rapportant à l’agriculture dans les douze pays que comporte notre parcours.
Nous souhaitons ainsi avoir une carte d’identité propre à chaque pays mettant en avant les spécificités liées à l’élevage, les grandes cultures, les moyens de commercialisation, la mécanisation et l’importance des énergies vertes. Mais comme toute production se doit d’être consommée nous nous intéresserions aussi aux différents moyens et modes de consommation. Ces différentes observations seront pour nous le moyen de nous enrichir et de nous ouvrir d’avantage sur le monde agricole qui nous entoure.
Le Crop Tour nous permettra d’évaluer les rendements dans les principaux pays producteurs avant la récolte. De plus, nous discuterons avec les producteurs afin de connaître leurs ressentis sur l’agriculture de leur pays et les perspectives d’évolutions possibles.
En partenariat avec AGRITEL, nous souhaitons vous faire partager l’avancée et la qualité de la récolte européenne du 4 au 30 Juillet 2014.
Nous remercions chaleureusement les autres sponsors qui nous accompagnent et nous soutiennent dans ce projet :
Allemagne
Du 4 au 6 Juillet
Petit tour en Bavière :Nous avons débuté notre périple dans l’Allemagne du Sud. Après avoir parcouru 1000 km, nous avons été accueillis par un jeune agriculteur installé sur 95 ha et possédant 100 vaches laitières. Nous avons été surpris par la taille des champs et l’utilisation des produits. En effet, la quasi-totalité de la production est autoconsommée par l’atelier laitier.
D’après l’agriculteur, les rendements devraient être corrects pour l’ensemble de la production régionale (orge, blé, maïs, colza.)
Nous avons poursuivi notre périple chez deux éleveurs laitiers situés au Nord de Nuremberg (50 km). Le constat était le même concernant les cultures. Nous avons observé de nombreux méthaniseurs. Toutefois, depuis 2012, les tarifs n’incitent plus au développement de cette nouvelle source d’énergie.
Ce lundi, nous nous sommes rendus à Baasdorf qui se situe à 150 km au Sud de Berlin. Cette entreprise est présente dans de nombreuses activités en lien avec l’agriculture.
L’activité principale et historique de la société est la vente de poussins/oeufs destinés à être élevés en poulets de chairs, elle vend 430 millions d’œufs par an. Elle possède de nombreuses filiales qui sont toujours en association avec l’élevage, notamment la partie production qui cultive légumes, orge, blé, betterave, colza, maïs sur une surface d’environ 8 000 ha essentiellement destinée à l’alimentation des volailles. L’entreprise a installé un méthaniseur de 2,5 MW qui lui permet d’une part de recycler les déjections de la partie animale mais d’autre part d’obtenir des fertilisants à bas coûts pour la partie grandes cultures. Selon l’ingénieur en charge d’une partie des cultures, les rendements sont pour l’instant très satisfaisants sur ce qui a été récolté.
Point général :On observe une grande disparité concernant la taille des exploitations en Allemagne. Le Sud du pays est essentiellement composé de structures avec un atelier laitier. La surface n’excède généralement pas les 100 ha et la majorité de la production est transférée à l’atelier laitier pour y être consommée. Les agriculteurs du sud se soucient peu de la qualité des grains récoltés.
Le Centre et le Nord du pays concentrent de plus grandes exploitations en polycultures.
Les mois de Février-Mars ont été marqués par une faible pluviométrie. Cela constituait une crainte pour les rendements des céréales.
Aujourd’hui, le Nord ouest du pays n’a quasiment pas commencé les travaux de récoltes des orges d’hiver alors que le Centre Ouest et le Sud ont terminé à 80%. Les rendements sont jugés bons à très bons avec une moyenne 8,5 T/ha dans l’Ouest. Dans le Nord les premières estimations sont de 7,0 T/ha ce qui satisfait les agriculteurs. La qualité des grains est correcte et le Poids Spécifique est d’environ 64 Kg/HL. Les prévisions météos des prochains jours devraient interrompre la récolte qui est achevée à environ 55% sur l’ensemble du territoire pour les orges d'hiver. Un retour du soleil est prévu en début de semaine prochaine.
Concernant les colzas, les premiers échantillons ont été effectués et malgré une humidité de 9%, la partie inférieure de la plante reste verte et ne permet pas de récolter dans de bonnes conditions. Peu de craintes concernant la qualité.
Pour le blé, l’humidité actuelle est comprise entre 17 et 26% mais les grains ne sont pas encore tout à fait mûrs. Les experts, notent bon l’état des blés avec des prévisions de 8,5 T/ha.
République Tchèque
Du 7 au 9 Juillet
Visite de l'ouest...L’exploitation que nous avons visitée à Cernuc comptait 850 hectares de cultures et un atelier de 140 vaches laitières. Celle-ci est typique de la République Tchèque, puisqu’elle est composée de sept agriculteurs actionnaires et de neuf employés. Les cultures étaient pour l’essentiel : betterave, blé, orge, colza, maïs, luzerne, moutarde et sorgho. L’agronome nous a fait part de sa vision de l’avenir. Pour lui l’exploitation a atteint une taille critique,en effet, elle doit soit s’agrandir fortement soit rester à cette taille. Pour lui la république Tchèque possède un potentiel qu’il faut exploiter.
Cap au nord...Nous avons eu la chance de rencontrer un agriculteur possédant une exploitation atypique pour le pays, en effet celle-ci faisait 300 ha avec un atelier d’élevage de Charolaises. L’exploitant, ayant vécu 11 ans aux Etats-Unis et 6 mois en Allemagne, nous a fait part de ses inquiétudes concernant l’avenir agricole du pays. En effet selon lui, la baisse des aides de la PAC et les nouvelles contraintes obscurcissent l’avenir des exploitations.
Point général :
C’est frappés par les vestiges de l’air soviétique que nous avons découvert ce pays. Il n’y a que très peu de demi-mesure et il est rare de croiser des exploitations de 300 ha comme nous avons pu en voir une. En effet, soit les structures sont de plus de 500 ha, soit elles ont une surface inférieure à 50 ha associées à une autre activité.
Pour ce qui est des productions, nous observons très peu de système « polyculture élevage » mais une spécialisation des exploitants dans leur domaine d’activité.
La récolte des orges d’hiver a débuté timidement dans le Sud du pays. La sécheresse ayant agit durant le printemps, les résultats sont décevants et oscillent entre 3.9 et 4.7 T/ha. Il en est tout autre pour le Nord qui devrait commencer les travaux de récolte d’ici 15 jours. Avec des rendements supérieurs à ceux du Sud (5.5T/ha), le pays devrait connaitre une récolte quasi similaire à l’an dernier. La différence est flagrante lorsque l’on compte le nombre de grains dans les épis : environ 13 dans le Sud contre 27 dans le Nord.
Les colzas devraient être fauchés d’ici 15 jours si les conditions météorologiques s’améliorent. Un épisode pluvieux est frappe le pays. Cependant, cela n’affecte pour l’instant pas la qualité des graines qui ne sont pas encore mûres. En revanche, il faudra veiller à ce que le beau temps dure par la suite car les productions seront toutes prêtes à être récoltées en même temps. La qualité est jugée correcte et les rendements similaires à l’an dernier soit environ 3.2 T/ha.
Peu d’inquiétudes concernant la qualité et les rendements des cultures selon les exploitants rencontrés. Cependant, nous avons observé sur la route une quantité impressionnante de cultures versées. De plus, nous avons relevé sur certaines parcelles un grand nombre de grains échaudés.
Slovaquie
Du 9 au 10 Juillet 2014
Au pays des contrastes…Après une longue route nous menant jusque dans la montagne Slovaque, nous avons pris le temps de discuter et d'échanger avec des paysans locaux. Ceux-ci nous ont partagé leurs points de vue sur le paysage agricole d’aujourd’hui. Nous avons pu visiter leur ferme de 10 ha, 7 chèvres, 20 brebis. Cela est commun dans le pays et leur permet de vivre.
Changement radical à 50 km de là lorsque l’on aperçoit 2 méthaniseurs. Cette structure regroupe 2 sociétés et compte 3 500 Ha dont 600 ha de blé, 750 ha de maïs, 350 ha de colza et 150 ha d’orge. Une partie de ces cultures est autoconsommée par les 650 vaches laitières et 750 moutons. La production énergétique des méthaniseurs est de 1.5 Méga Watt.
Point général :
L’agriculture Slovaque est marquée par son emprunte soviétique avec le maintien des structures collectives adaptées à l’agriculture d’aujourd’hui. Deux systèmes cohabitent: soit le propriétaire cultive ses terres (de 1 à 15 ha) et doit avoir une autre activité, soit il loue ses terres. Le regroupement de celles-ci forme des structures allant de 1 000 à 4 000 ha.
La récolte a débuté il y a 1 semaine et demi dans le pays et les résultats sont bons.
Les orges d’hiver sont achevées à environ 90 % et les rendements évoluent entre 5.5 T/ha et 6.8 T/ha. Ces résultats sont, selon les exploitants, supérieurs à la moyenne des cinq dernières années (4.2 T/ha).
Les colzas connaissent aussi des rendements jugés très bons avec 4.0 T/ha contre environ 3.0 T/ha en 2013.
La récolte des blés n’a quant à elle pas commencé mais les exploitants sont confiants. Ils annoncent une très bonne année, tant sur la qualité que sur la quantité. Habitués à des rendements de 4.5 T/ha, les agriculteurs Slovaques nous ont parlé de 6.0 T/ha pour cette campagne. En témoignent les prix de ventes de l’exploitant à sa coopérative : 130 €/T …
La moisson 2014 continue en Slovaquie et est d’ores et déjà achevée à environ 50 %. La récolte des blés devrait débuter milieu de semaine prochaine si les conditions météo le permettent.
Hongrie
Du 10 au 12 Juillet
Focus grandes cultures...Nous arrivons dans la ferme de la famille Kovacs cultivant 1000 hectares dont 600 en propriété, ce qui est au dessus des standards du pays. L’exploitation se situe à 30 minutes de Budapest, l’assolement est très simple : Blé, Maïs et Tournesol. Selon l’exploitant les rendements devraient être bons cette année si les conditions météorologiques ne se dégradent pas trop. En effet depuis quelques jours un épisode pluvieux s’abat sur la région.
Ouverture à l'élevage...Nous sommes désormais à la frontière de l’Autriche dans une exploitation de 600 ha avec le même assolement que la ferme précédente et un atelier de 200 vaches allaitantes. En revanche les terres sont plus sableuses et ne permettent pas des rendements très importants. Les temps y est toujours maussade et selon l’exploitant la récolte ne pourra pas commencer avant la semaine prochaine si le soleil fait son apparition. Les rendements s’annoncent un peu inférieurs à ceux des années précédentes.
Point général :
A première vue similaires, ces deux fermes Hongroises ont vision totalement différente du futur de leurs exploitations. Quand l’une a arrêté sa production animale depuis l’entrée de la Hongrie dans l’UE, l’autre souhaite s’appuyer sur les aides de la PAC pour augmenter la taille de son cheptel.
En ce qui concerne les récoltes, les orges ont été fauchées avant l’arrivée de la perturbation et les rendements s’annoncent corrects (5,2 T/ha). A savoir que les orges d’hiver ne prennent pas une place importante dans la production du pays.
Pour le blé dur, principale production de cette région, les rendements s’annoncent prometteurs, mais la pluie pourrait anéantir les espoirs des exploitants en dégradant fortement la qualité de la récolte. Avec 4.5 T/ha de moyenne et un taux de protéine de 14% de moyenne sur l’ensemble du territoire, les agriculteurs Hongrois misent sur la qualité plutôt que la quantité. Nous avons même entendu en plaine des agriculteurs capables de sortir des taux de protéines supérieurs à 16 % …
En ce qui concerne le Tournesol, l’année s’annonce correcte avec des rendements de 2.8 à 3.2 T/ha contre 3.5 l’an dernier.
La future campagne de maïs laisse présager de bonnes surprises selon les dire avec des tonnages allant de 7 à 11 T/ha quand la moyenne des années précédentes est d’environ 6.5 à 7 T/ha.
En nous dirigeant vers la Roumanie, en 6 heures de route jusqu’à la frontière, la pluie ne s’est pas arrêtée de tomber. Nous avons observé de nombreuses parcelles inondées alors que les cultures étaient encore sur pied.
Cependant, les prévisions météo Hongroises devraient permettre la reprise des travaux des champs à partir de Mercredi. La météo reste fondamentale à surveiller car dans le cas contraire, la récolte 2014 pourraient être fortement dégradée.
Roumanie
Du 12 au 15 Juillet 2014
Aux frontières climatiques
Après une très longue route sur le réseau routier très dense de la Roumanie, nous voilà arrivés à Tufeni, au centre de la Roumanie. La principale activité de cette exploitation est la production porcine en système naisseur/engraisseur avec environ 2 000 truies pour environ 40 000 produits vendus chaque année à destination exclusive du marché roumain très enclavé derrière la chaîne montagneuse des Carpates. Au service de l’activité d’élevage, près de 2 000ha de cultures valorisées en alimentation animale et depuis peu un méthaniseur permettant de produire de l’énergie à partir du lisier de porc.
Nous prenons ensuite la direction de Constanta sur les bords de la mer Noire, changement radical de climat où la pluie et l’humidité laissent place au soleil et à la chaleur. Il est tout de même important de noter que cette année les conditions climatiques ont été très favorables avec près de 580 mm au compteur annuel, dont près de 200 mm entre mars et juin. Accueillis par le chef de culture français, nous visitons les 1 500ha de cultures en cours de récolte répartis entre blé, colza et tournesol. Comme à notre arrivée, les chemins restent chaotiques ! Notre plus grand étonnement restera la rivalité entre agriculteurs, en effet lors de notre visite, son voisin venait juste de lui récolter une bande de près de 250 mètres de colza sur une largeur 12m. Comme vous pouvez le voir sur notre photo ci-dessus, cette exploitation a opté pour un stockage des graines en boudins. Nous pourrons par la suite, vous parler plus précisément des avantages et inconvénients constatés.
Bilan global :
Le grand bassin de production roumain se situe au sud du pays. Il existe un contraste météorologique important. Avec généralement 650 mm d’eau par an, les agriculteurs se situant à l’Ouest de Bucarest n’ont généralement pas de craintes de stress hydrique des cultures à la fin du printemps et au début de l’été, ce qui peut avoir de grandes répercutions.
Pour preuve, les dernières précipitations tombées récemment dans l’ouest du pays, ont complètement changé la donne à tel point que la récolte qui s’annonçait excellente doit être achevée d’ici peu sous peine d’impacter fortement les rendements. En effet, avant l’épisode pluvieux dans la zone de Tufeni, les rendements étaient excellents avec pour l’escourgeon 5,6 T/ha quand la petite région agricole est à 4 T/ha à date. Le colza reste dans la moyenne haute des dernières campagnes à 3,2 T/ha. Concernant le blé, les estimations sur place se situent aux alentours de 4,3 T/ha. Nous avons également constaté de nombreuses parcelles inondées, où à certains endroits le maïs est sous l’eau.
Au fur et à mesure de notre avancée vers l’est, les chantiers de récolte étaient de plus en plus avancés.
Avec 350 à 400 mm par an, la région de Constanta à l’Est, est achevée à plus de 55%. D’après les premiers chiffres, les rendements y sont excellents avec des blés durs à 5,5 T/ha et une teneur en protéine entre 14,8 et 15,2. Les échanges avec les agriculteurs sur place sont très enrichissants car ils permettent notamment de comprendre les motivations à produire du blé dur. Lorsque le blé tendre est à 175 €/T il est beaucoup plus avantageux d’implanter du blé dur avec de hautes teneurs en protéines et avec un prix de vente à 230 €/T.
Il est important de souligner que les surfaces emblavées en colza sont raisonnées sur une moyenne de 3 ans car selon les conditions climatiques, il n’y a qu’une bonne récolte sur 3 à cause des conditions de semi et/ou de récolte.
Pour cette campagne 2014 en Roumanie, le maître mot reste le climat incertain de ces prochaines semaines qui pourrait venir ternir les hautes estimations d’avant récolte. A surveiller…
Ukraine
Du 16 au 19 Juillet
Bloqués à l'Ouest.
C'est dans la région de Ternopil et de ses environs (ouest de Kiev) que nous avons posé nos bagages.
Nous avons débuté par la visite de deux anciens kolkhozes de 1200 ha chacun. Un a été repris par 4 Français, l'autre par 2 Allemands.
Les productions sont essentiellement blé, maïs, orges d'hiver, tournesol et colza. Les deux exploitants nous ont confié que le maître mot pour être efficient en Ukraine est : AUTONOMIE. Ceux-ci souhaitent améliorer leurs systèmes de productions afin de dépendre du moins d'intermédiaires possible.
Le moratoire sur les terres bloque l'achat de celles-ci. Cela oblige les exploitants à concentrer pas moins de 700 propriétaires.
Concernant les rendements, nous ne pouvons-nous baser sur ceux observés dans ces fermes car les terres ne sont recultivées que depuis 2 ans et le potentiel optimum du sol n'est pas encore atteint. En témoignent des parcelles envahies de taupins et de fusariose ...
Quelle aventure…
C’est dans un contexte géopolitique tendu après les récents événements de ces derniers jours que nous sommes arrivés en Ukraine après quelques péripéties. Après notre départ de Roumanie, nous avions prévu de traverser la Moldavie afin de nous rendre à Odessa (Sud de l’Ukraine), Kiev puis Lviv à l’Ouest du pays. Face à une frontière moldave hermétique, nous avons du rebrousser chemin. Afin d’optimiser le temps perdu au sud-est de l’Ukraine et pour trouver néanmoins des exploitations à visiter, nous n’avions d’autres choix que de rouler 29 heures de suite pour enfin arriver en Ukraine, en contournant la Moldavie.
Contraints de modifier le parcours initial, nous voici donc à l’opposé de la région de production ukrainienne et de ses agro holding gigantesques. La région de Lviv est cependant intéressante d’un point de vue agricole. Le sol de la région d’Lviv est bien diffèrent du célèbre Tchernoziom, qui rend les terres de l’Est ukrainien très fertiles et où la pratique du TCS est majoritairement répandue.
Après avoir échangé avec des exploitants par téléphone, l’Est Ukrainien est bien avancé dans les récoltes. Les blés sont corrects à environ 4 T/ha, mais à l’image de la France, les rendements pourraient être revus à la baisse, à la suite d’épisodes pluvieux. Si le temps continue, cela pourrait être problématique car nous pouvons d'ores et deja observer des grains germés. De plus, une baisse significative du PS est à prévoir.
Sur la partie Ouest du pays, les récoltes sont également bien avancées. En effet, les orges d’hiver sont pour la plupart toutes terminées. Les rendements y sont nettement meilleurs que l'an passé. Quand l’an dernier les orges faisaient 5,3 t/ha, cette année, les 6,1 t/ha sont révélatrices de l’excellente année. En revanche les colzas ont encore besoin d’environ une semaine de beau temps pour arriver à maturité complète (voir photo). Pour ce qui est des blés ils sont à ce jour encore au stade pâteux. Sauf incident climatique, les rendements devraient être meilleurs que N-1 à 6,4 t/ha.
D’après les nombreux échanges avec les exploitants sur place la production 2014 est bien partie pour être abondante en quantité. Cependant la haute production, notamment des blés est à relativiser avec les nombreux cas de fusariose relevés dans certaines parcelles et la météo qui n'est pour l'instant pas avantageuse.
Les récents conflits ont un faible impact sur la production globale du pays. Il reste à savoir comment les exploitants et organismes stockeurs vont gérer la partie logistique...
Pologne
Du 20 au 23 Juillet ...
Polish Quality ...
Quatrième surface agricole en Europe, la Pologne a un rôle à jouer sur le marché. En terme de production, le pays se place en 6 éme position. le blé représente 16,10 % de la production quand le lait est à 17%.La traversée de la Pologne nous a offert un défilé de moissonneuses batteuses. En effet, les fortes températures accompagnées d'un climat sec permettent l'avancée des travaux de récolte. Ceux-ci sont en avance d'une semaine et demie par rapport à la moyenne des dernières années.
Le Sud Ouest du pays n'est pas le bassin de production principal mais il est à noter que la récolte des orges d'hiver s'est achevée avec des rendements similaires à ceux de l'an dernier : 3,5 T/ha.
Les colzas ont un taux d'huile compris entre 42 et 50 % en moyenne et sont récoltés à 9% d'humidité. Les exploitants rencontrés font entre 2,2 et 3 T/ha.
Les premiers blés fauchés ont un taux d'humidité correct. Cependant, il reste à surveiller le taux de gluten et la protéine qui sembleraient atteindre tout juste le minimum acceptable.
Le secteur Nord Ouest est un important bassin de production pour les grandes cultures.
La moisson y est aussi précoce grâce à un automne chaud et un mois de Mai pluvieux.
La récolte est jugée bonne, tant sur la qualité que sur la quantité.
Les colzas sont quasiment terminés et les 3,0 / 3,5 T/ha sont atteints.
Pour ce qui est des blés, les résultats sont jugés très bons.
Grâce à un temps sec et chaud, le taux de germination du blé est très faible. De plus, nous avons fréquemment entendu des PS compris entre 70 et 80 kg/hl. Le temps de chute d'Hagberg est de l'ordre de 310-360 ms selon les premières estimations. Le système coopératif n'étant pas développé comme dans l'hexagone, les prochains résultats devraient arriver dans les prochains jours mais force de constater que la qualité ne devrait pas se dégrader.
. Les taux de proteines devraient se situer entre 11.5 et 12.5 %Il en est de même pour les rendements avec des résultats notés très bons à 8,2 / 9 T/ha.
La récolte Polonaise se poursuit sur l'ensemble du pays. Si comme prévu, le temps reste stable, le Nord-Ouest jouera un rôle important sur la scène européenne avec une concentration de blés meuniers.
De manière générale, les rendements ne sont pas significativement supérieurs à ceux de l'an dernier avec une moyenne sur le pays de :
Blé : 4,5 T/ha contre 4,4 T/ha l'an dernier.
Orges d'hiver : 3,5 T/ha contre 3,6 T/ha l'an dernier.
Colza : 2,9 T/ha contre 2,7 T/ha l'an dernier.
Point maïs : jugés excellents cette année, les maïs polonais pourraient alourdir le bilan fourrager européen, vu le déclassement des blés français.
Les rendements maïs grains devraient atteindre 6,8 T/ha contre 6,5 T/ha l'an dernier. Il est cependant primordial de surveiller la quantité d'eau des prochaines semaines pour ne pas compromettre les espérances de cette année.La Pologne s'annonce comme un acteur majeur sur le marché européen...
Danemark
Du 25 au 26 Juillet 2014
Au pays du bien-être animalNous avons poursuivi notre périple dans l’Est Danois pour y visiter une exploitation de 800 truies et de 900 ha de cultures.
Ce fut très agréable d’échanger avec le manager de l’exploitation, qui nous a fourni son point de vue sur l’agriculture Danoise en générale. Sujet redondant dans la conversation : le bien-être animal. Nous nous sommes en effet rendu compte lors de la visite de l'ampleur des normes à appliquer, notamment dans la porcherie. Le gouvernement suit toutes les règles européennes et en invente d’autres applicables au pays. L’exploitant nous à fait part de ses inquiétudes face à la concurrence, car le bien-être a un coût économique non négligeable.
La partie culture est marquée par une récolte historiquement précoce puisque les orges d’hiver ont été battues avec 1 à 2 semaines d’avance. Les résultats sont satisfaisants avec une moyenne sur l’exploitation de 6.9 T/ha contre 6.2 T/ha habituellement. Proche de la côte, l’exploitant a cependant des variations dues à certaines terres aux sols sableux. (5.2 T/ha)
Il reste encore des colzas à battre mais le bilan est jugé correct. Avec une majorité d’hybrides entre 4.3 et 5.2 T/ha, le rendement moyen sur l’exploitation s’élève à 4.8 T/ha contre 4.1 T/ha habituellement.
Avec 300 ha, les blés constituent la majorité de la production de l’exploitation. Les conditions météorologiques de la campagne 2012-2013 avaient impacté la qualité des blés avec d’importants problèmes de toxines. Le climat sec de cette année à permis une stabilisation de celles-ci. Cependant d’autres problèmes surgissent, notamment sur la teneur en protéines. En effet, l’exploitant observe depuis plusieurs années une diminution de son taux de protéines dues aux restrictions du gouvernement concernant l’apport azoté. En conséquence, les premiers blés récoltés cette année ont un taux de protéines compris entre 9 et 11 %.
Les rendements sont quant à eux jugés bons avec 9 T/ha environ contre 8.8 T/ha l’an dernier.
Peu d’informations complémentaire concernant la qualité, car il est important de noter que la production de blé Danoise est essentiellement fourragère. Même si certains blés ont les caractéristiques suffisantes pour être panifiables, le besoin en alimentation animale est trop important pour classer la production en blé meunier. En effet, les ¾ de la production partent en consommation animale.
Point fourrage :
Lors de notre traversée du Danemark nous avons observé des exploitations récoltant des semences de Raygras. Intrigués nous sommes allés à leur rencontre et cette production est risquée car extrêmement liée au climat. Le rendement est généralement de 3 T/ha mais il est essentiel de passer les graines au trieur et il en ressort un rendement net de 2 T/ha. Le prix de vente indicatif fourni par l’exploitation est de 8 couronnes le kilo soit environ 1.07 € / kg…
Autre rencontre avec une exploitation à la frontière Allemande où les 85 ha de cultures sont du maïs. Intrigués par cet assolement nous voulions en savoir plus et cela est le résultat d'un accord avec des entreprises de Biogaz Allemandes pour récupérer le maïs ensilage. Etrange vue l’ampleur de la demande pour l’alimentation animale Danoise…
Pays-Bas
Du 26 au 28 Juillet 2014
Après le Danemark, notre parcours nous a mené en Hollande pour y découvrir de plus près les systèmes d’exploitation qui caractérisent ce pays.
C’est tout naturellement que nous nous sommes rendus dans une exploitation laitière. Celle-ci correspond parfaitement au stéréotype de l’agriculture hollandaise. En effet, sur une superficie plus faible en comparaison avec les autres pays visités, l’herbe représente près de 80 % de l’assolement total et le reste n’est autre que du maïs ensilage. Le fait d’avoir autant d’herbe n’est pas anodin, puisque aux Pays-Bas, quand 80 % de la SAU est enherbée, les agriculteurs peuvent mettre jusqu’à 230 unités d’azotes/ha sur leurs pâtures contre 170 unités/ha en temps normal, afin d’augmenter la productivité des fourrages. Bon nombre d’éleveurs mettent l’accent sur la qualité du lait afin de bénéficier des primes par les laiteries. En base 4,4/3,4 le lait était rémunéré à 395 €/1000 litres.
Point culture
Comme en France, la récolte précoce est la résultante du peu de pluies printanières cette année. En règle générale, il y a toujours un écart de récolte d’environ deux semaines entre le nord et le sud à cause des climats très disparates.
Pour le sud la majorité des blés sera terminée en cette fin de semaine si le temps le permet, tandis que les agriculteurs du nord devraient seulement commencer cette semaine.
Les rendements de cette année s’annoncent prometteurs pour le nord comme pour le sud bien qu’il risque d’y avoir des pertes de PS et des problèmes de germination en cas de pluies. Le sud ayant déjà récolté une grande partie des céréales, il n’y a plus beaucoup de craintes à avoir surtout que les PS sont bons et les protéines également. Il est très difficile d’obtenir des chiffres concernant la qualité car la majorité du blé hollandais est feed (80% de la production de céréales est destinée à l’alimentation animale).
En blé, on peut tout de même avoir à l’esprit cette année 8,9 t/ha, en légère hausse par rapport à l’an dernier avec des PS compris entre 79/82.
Point PAC
Malgré un nombre de producteurs laitiers en déclin (-5% chaque année), l’arrêt des quotas en 2015 devrait avoir une incidence positive sur la production de lait à en croire les agriculteurs rencontrés, bien qu’une diminution de 66 % des aides/ha soit à prévoir. Au Pays-Bas, concernant l’élevage, la variable d’ajustement est la SAU totale du pays. La crainte principale des éleveurs est qu’après deux ans d’intensification post 2015, ils soient stoppés dans leur progression puisque la superficie du pays n’est pas suffisante pour épandre toutes les déjections animales.
Le foncier agricole aux pays bas est l’un des plus chers au monde, si ce n’est le plus onéreux. Cela s’explique par la rareté des terres disponibles, de la bonne qualité des sols, de l’élevage qui a besoin de surface pour écouler ses effluents…
Paradoxalement le biogaz n’est pas du tout développé en Hollande contrairement à leurs voisins allemands car pas du tout soutenu par le gouvernement.
Belgique
Du 28 au 29 Juillet
En Belgique une fois…
Avant de clôturer notre parcours, nous avons fait une halte en Belgique.
La part de l’agriculture dans l’économie n’est pas très importante (< 1%) mais le secteur agro-alimentaire a une place importante grâce à l’industrie alimentaire.
En 30 ans, la Belgique a perdu 63 % de ses exploitations agricoles selon la direction Statistique et Information économique du SPF Economie. Cependant, la taille des structures a doublé durant la même période.
En ce qui concerne l’assolement, il est important de signaler que depuis des années, les jachères ont fortement diminué tout comme les emblavements de betteraves sucrières. La pomme de terre a su en tirer profit quand les céréales ont stagné voir diminué légèrement.
Nous avons eu la chance de nous rendre dans une exploitation laitière. Celle-ci s’étend sur une surface de 50 ha et a comme particularité de transformer une partie du lait à la ferme pour en faire des glaces grâce à ses 75 vaches laitières. Les bons résultats techniques lui permettent d’être un des derniers éleveurs laitiers de la région. (TB : 44-45 / TP : 34.5-36) Comme souvent rencontré en Europe, l’exploitation vend les mâles à 10 jours.
Les cultures se veulent appropriées à l’élevage avec du maïs ensilage, des prairies et des betteraves. Comme expliqué précédemment, la pomme de terre prend de plus en plus de place dans le paysage belge et les échanges de terres pour produire est fréquent.
La diversification représente une valeur ajoutée certaine en Belgique comme ailleurs grâce notamment à 40 % d’aides au développement fourni par l’Etat.
Avant de rejoindre notre pays la France, nous nous sommes arrêtés quelques temps à la foire de Libramont où nous avons pu échanger sur les craintes des agriculteurs concernant le futur mais aussi sur l’état des cultures.
Le constat est le même pour tous les acteurs agricoles avec des rendements notés très satisfaisants. Cependant, même refrain qu’en France avec des difficultés à trouver du blé de qualité. Il est encore difficile de dresser un bilan sur la récolte belge car celle-ci est achevée à environ 40 % mais les premiers résultats laissent présager quelques déceptions.
En général :
Notre traversée de l’Europe nous a permis de dresser un premier bilan de la qualité de la récolte 2014.
Alors que l’Ouest européen est marqué par d’importants problèmes concernant la qualité des blés, il semblerait que les pays « mer Noire » tireraient leur épingle du jeu cette année. La récolte n’est pas totalement achevée donc nous ne pouvons affirmer nos remarques mais tout semble montrer que la tendance de ce milieu de récolte va se poursuivre. On notera cependant quelques problèmes de fusariose en Ukraine.
France
Durant notre tour, nous avons suivi attentivement la récolte Française.
Dés notre retour dans l’hexagone, nous avons voulu échanger avec un agriculteur de l’Aisne sur son ressenti moisson.
L’exploitant cultive 300 ha avec comme assolement principal : betterave, blé, colza, féverole.
Dans la région, une grande partie des blés sont fauchés mais lorsque l’on remonte vers le Nord Pas de Calais, la récolte des blés tardent à avancer nous explique t’il.
Légèrement déçu par ses rendements en colza (3.5 T/ha), l‘exploitant juge très satisfaisant sa campagne de blé. En effet, le rendement moyen sur la ferme est de 10 T/ha avec des parcelles à 11.5 T/ha et d’autres à 9.0 T/ha. Le PS quant à lui évolue dans une fourchette de 75 à 85 et la protéine est comprise entre 11.3 et 12.3%.
Les résultats concernant le temps de chute d’Hagberg ne sont pas encore connus et cela permettra à l’exploitant d’affiner ses propos sur la bonne ou l’excellente année réalisée…
Le semis et la moisson, ont leur temps et leur saison…
Le paysage français change au rythme de la moisson avec une grande avancée ces derniers jours grâce aux conditions météorologiques RELATIVEMENT clémentes.
Les rendements en colza apparaissent légèrement en deçà de l’attente des producteurs mais restent dans l’ensemble corrects.
En blé, les rendements sont jugés satisfaisants à très satisfaisants. D’un point de vue qualitatif, c’est l’hétérogénéité qui prédomine avec une qualité inférieure à celle de l’an passé. Là où les blés étaient à maturité (Sud du bassin parisien), la qualité s’affiche comme très décevante (Blés germés, indice d’Hagberg bas…).
Au Nord du basin parisien, nous distinguerons deux zones : Une zone Est avec une qualité aussi décevante et une zone Ouest où la qualité est meilleure, notamment, et ce de manière assez exceptionnelle, en Bretagne.
Le temps de chute d’Hagberg est cette année le critère le plus pénalisant. En effet, peu de blés dépassent la barre des 220 secondes; ce qui indique une carence en amidon dans le grain.
Dans ce contexte, la part du blé fourrager sera importante cette année avec pour conséquence une dégradation des prix. Les écarts de prix entre les différentes qualités sont aujourd’hui élevés (jusque 40 euros / t).
Fin d’une belle aventure…
C’est ainsi que s’achève notre périple long de 10 100 km. Outre les caractéristiques techniques relevées lors de nos analyses pour Agritel, notre voyage sera marqué par les rencontres faites durant ce mois, plus passionnantes les unes que les autres. Du paysan Slovaque au manager Ukrainien, les discours ont été riches en enseignement. Est-ce que nous, fils d’agriculteurs, aurions pris le temps d’échanger et de partager un bout de notre histoire de famille avec 5 jeunes Slovaques ou Roumains? Notre point de vue sur la question a heureusement bien évolué, et nous serions prêts désormais à le faire.
Dans ce contexte de marché mondialisé où l’information qualifiée est primordiale, nous espérons avoir réussi à vous transmettre une partie du ressenti de notre voyage.
Nous tenons une fois de plus à remercier toutes les personnes ayant fait de ce tour d’Europe une expérience unique. Encore un grand merci à nos sponsors et aux acteurs agricoles qui nous ont gentiment accueillis.
Mention spéciale pour les nombreux mails ou appels reçus de vous, agriculteurs Français, Belges, Polonais et nous en passons… Merci aussi aux mails d’encouragements reçus d’Australie, des Etats-Unis, de Dubai et de partout dans le monde.
Se sentir soutenus dans une telle initiative lorsque l’on a entre 22 et 24 ans est la plus belle des récompenses.
Bonne fin de moisson à vous tous et au plaisir de vous lire : [email protected]
Remerciements
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